Bruno Winckler

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Histoire de la pensée scientifique

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L'Univers infini de la Nouvelle Cosmologie, [...] dans lequel la matière éternelle, selon des lois éternelles et nécessaires, se meut sans fin et sans dessein dans l'espace éternel, avait hérité de tous les attributs ontologiques de la Divinité. Mais de ceux-ci seulement: quant aux autres, Dieu, en partant du Monde, les emporta avec Lui. (Koyré)

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La pensée scientifique actuelle, y compris chez les scientifiques, est en crise depuis le divorce entre monde de valeurs et monde de faits, ainsi que depuis la dévalorisation complète de l'Être. Pour tenter de comprendre en quoi c'est un réel problème, et effectuer une synthèse indispensable à sa résolution, j'indique quelques lectures.
  • Pour commencer extrêmement en douceur, on peut lire les Entretiens sur Descartes d'Alexandre Koyré, loin d'être exhaustifs sur ce philosophe, mais qui permettent au moins, en quelque sorte, de désapprendre à penser comme un homme du XXIe siècle et réaliser une partie de l'apport spectaculaire du philosophe français. Il conclut également sur l'actualité du cartésianisme face aux questionnements modernes.
  • Écrit à la manière d'un roman (et donc finissable en une traite malgré ses six cent pages), Les Somnambules d'Arthur Koestler retrace l'histoire de la pensée scientifique depuis l'Antiquité jusqu'à Newton, non sans insister sur la personnalité des grandes figures de la science. On y découvre, en outre, que les progrès sont souvent précédés d'errements à l'aveuglette (d'où le titre), inspirés par des considérations qui doivent beaucoup à la métaphysique et la religion. On s'amusera aussi de constater que Galilée n'est pas le martyr qu'on imagine, ou que Copernic a précisément recentralisé l'homme, contrairement à ce qu'on pense avec notre regard moderne, à travers l'héliocentrisme. Je regrette quelques très rares bêtises sur la période précopernicienne (le mythe de la terre plate, Aristote apporté à l'Occident par les Arabes...) malgré une excellente documentation, ainsi que son mépris manifeste de certaines philosophies que j'affectionne.
  • À portée de clic, et très court (mais non sans réserves sur la partie antique du texte), L'origine chrétienne de la science moderne par Alexandre Kojève. L'intersection de l'interprétation de ce texte avec celles des autres cités ici est non vide.
  • L'extrait sur Paracelse dans Mystiques, spirituels, alchimistes du XVIe siècle allemand de Koyré (toujours) ne traite pas de physique à proprement parler, mais montre qu'une vision de l'univers peut être très belle, quoique confuse, en conciliant science (en un sens qui n'est plus d'actualité), magie et théologie.
  • Avec assez de prérequis et de recul sur la façon de penser l'univers avant Newton, on peut s'attaquer à d'autres livres moins accessibles (mais toujours incontournables) de Koyré: Études d'histoire de la pensée scientifique, Études galiléennes, Du monde clos à l'univers infini, etc.
  • Si on est prêt à ingurgiter des milliers de pages d'histoire de la pensée, on peut trouver presque tout ce qu'on cherche dans le Système du monde (La cosmologie hellénique, La cosmologie hellénique, suite. L'astronomie latine au Moyen Âge, L'astronomie latine au Moyen Âge, suite, L'astronomie latine au Moyen Âge, suite, La crise de l'aristotélisme, Le reflux de l'aristotélisme, La physique parisienne au XIVe siècle, La physique parisienne au XIVe siècle, suite, La physique parisienne au XIVe siècle, suite, La cosmologie du XVe siècle. Écoles et universités au XVe siècle, Les Universités de l'Empire au XVe siècle) de Pierre Duhem. Les partisans d'un Moyen Âge obscurantiste risquent de déchanter. Même s'il ne travestit pas la pensée des savants de notre civilisation, on peut parfois regretter sa partialité. Toutefois, je ne suis pas encore arrivé au bout de cette œuvre monumentale...
    Pour ne pas être découragé, on peut commencer par Sauver les apparences du même auteur, plus court que les références ci-dessus, qui a pour fil directeur la question suivante: le rôle de la Science est-il, en gros, de savoir prédire les phénomènes correctement (« Sauver les phénomènes ») ou de nous éclairer sur l'essence métaphysique du Monde? Un survol très clair des positions hélleniques, arabes, chrétiennes, etc., est présenté.
  • Quelques textes s'intéressent aux dérives plus pragmatiques, disons techniques, de la science moderne. Je mentionne le Manifeste d'Unabomber (inspiré du fameux Bluff technologique de Jacques Ellul), qui fomentait des pensées intéressantes sur la révolution industrielle entre deux bombes artisanales, et La Barbarie de Michel Henry, phénoménologue qui s'inquiète du rôle destructif de la science dans l'affirmation de l'individu, ainsi que dans la culture et la société contemporaines.
Le monde précopernicien, carte de Peter Appianus, Cosmographia, 1539.